3121 review
Je l'avais promis.
La voici donc, ma chronique de 3121.
J'ai bien fait d'attendre !
Après avoir écouté l'album non-stop une semaine pour m'en imprégner, puis avoir fait une pause une semaine pour prendre de la distance, je recommence mes écoutes ce jour et : révélation !
Pour ce jour, donc començons par le commencement, j'ai nommé 3121 (je publierai un article par chanson, cet album le mérite bien).
Ce morceau m’a intrigué dès la première écoute.
Je le cataloguais imédiatement dans la classe des titres expérimentaux, ces titres qui sont difficiles d’accès pour moi, mais dont plusieurs écoutes suffisent pour que je les adopte définitivement.
Je commence à rédiger mes impressions et j'écris très rapidement : ce titre est ce que Prince a fait de plus créatif depuis « 2045 Radical man ».
Il y a une multitude de sons, dont certains rappellent de vieux souvenirs. Des sons qui font du bien.
Comme un millier d’aiguillent vous transpercent de toutes part, insaisissables « ça vient d’où ça déjà ? Et ça, et ça ? ». Ne cherchez pas, laissez vous séduire sans plus parler de passé.
L’assemblage présent nous intéresse à double titre : c’est frappant sur 3121, c’est cette manière de faire que Prince choisit : l’auto-sample. L’écoute nous mène résolument dans le futur en utilisant de vieilles recettes du passé. C’est très surprenant.
La voix de « Camille » ressuscitée y est pour beaucoup, un autre son dont on jurerai qu’il sort de l’album « Prince ». A moins que non content de ressortir sa vieille Lynn Drum Machine, il n’ait aussi eu envie de dépoussiérer un instant son mini moog ?
Qui l’aurait cru ?
Et ce matin le déclic.
Je sais désormais pourquoi en étant neuf ce titre sonne comme une composition connue. C'est une simple phrase, dont le sens me paraissait incongru, qui m'a ouvert les yeux : "Like the wall in Berlin".
Ne pouvant m'expliquer la présence de cette ligne, j'ai changé de tactique et suivi cet adage : pour comprendre Prince il s'agit d'écouter la musique. Point n'est besoin de l'interviewer. Tout est là. Lisez les paroles, écoutez le son, vous aurez toutes les solutions à vos questions. Ne l'a t'il pas lui même dit et répété ?
Alors ?
Le mur de Berlin est tombé en 89, qu'en déduisez-vous ?
La réponse simple, limpide m'est apparue d'une telle évidence que je me suis traitée d'idiote.
Camille x 1989 = 3121 n'a pas été composé cette année.
Ecoutez-moi ce son, et ressortez tous vos titres de "Camille". n'y entendez-vous pas une similarité sonore déconcertante ?
Tout dans 3121 rappelle Good Love, Scarlett Pussy... Pour ne citer que des chansons de "Camille" officielles.
Nous savons de plus que Prince en panne d'inspiration n'hésite pas à puiser dans son stock de chansons : in the vault ne résident pas que des titres ayant "fuité". Combien pour 200 ou 300 dont nous avons connaissance nous sont totalement inconnus ?
Puis la confirmation : si le mur de Berlin est tombé en 1989, et que cette chanson avait été composée en 1990 (admettons). Qui aurait accompagné Prince lors de cet enregistrement ?
Michael Bland et Sonny T., pour commencer. Tiens ne figurent-ils pas dans les crédits ? Et pourquoi d'un seul titre sur cet album ? Nous savons qu'il ont été appelés par Prince en novembre 2005 pour un enregistrement.
Et pourquoi donc ?
Pour refaire un master net propre et sans bavures, tout en conservant les qualités intrinsèques du titre. Allez ce ne serait pas la première fois que Prince nous refile du vieux en le faisant passer pour du neuf.
Remember "Rave".
Je pousse plus loin mes réflections : et si Prince, en panne d'inspiration, puisait à grand renfort dans son back catalogue inédit ? Cela nous expliquerait bel et bien pourquoi ses dernières albums sonnent "compil de ce que je fais de mieux".
Et ça c'est tout à fait inquiétant.
Ce ne sont, bien sûr, ce ne sont que conjections.
Quelques axes supplémentaires ont sucité mes réflexions. Je ne souhaite pas expliquer Prince, et je n'y prétend pas. Mon approche de Prince c'est de comprendre. La musique. C'est d'obtenir des réponses. Parfois au travers des textes. Du son et des paroles ensemble. Ajoutez une performance Live.
Mes questions sont innombrables, comme un enfant avide de connaissance.
Pourquoi ce coté lascif récussité ?
Je m’attendais pas à cette littérature très "kinky". Cela ne ressemble pas du tout au Prince "actuel", témoin de Jéhovah, cet appel, contenu dans l'album tout entier, à s'abandonner eu plaisir, voire à la luxure. Il y a une raison et quelqu'elle soit, c'est une bonne nouvelle. Peu importe que le titre date d'hier, avant hier ou demain : Prince choisi aujourd'hui de le porter à la connaissance du public, de l'assumer.
Prince nous adresse toujours des messages au travers de ses réalisations. Et je prends connaissance de celui-ci avec bonheur.
Notez bien l’invite et le cheminement de pensée : ce n’est pas un ordre « Come » c’est « Don’t U wanna come ? (ne voulez vous pas venir ?) : on induit de facto, avec une négation, la certitude que c’est "oui" d’avance, et qu’on le sait pertinemment.
De fait ce n’est même plus une invite, mais tout bonnement du teasing. «U can come if U want 2, but you shall never leave » (vous pouvez venir si vous le voulez, mais… Vous n’en partirez pas ».
Une promesse déguisée sous forme d’avertissement.
Soit l’ego de Prince touche désormais le ciel (toutes ces récompenses ne lui aurait-elles pas donné le melon ?), soit il est revenu dans une pleine période de self-esteem.
Réponse à ma question : cela promet d’être fort intéressant sur le plan créatif.
Pour finir :
Qu’est-ce que c’est que cette histoire de 3121 ?
Est-ce définitivement l’adresse de Prince à LAX ? Comme semble l’attester cette photo postée par un modérateur du npgmc (voir ci-contre).
Est-ce une personne ? (une de mes déductions).
En considérant cette chanson sous un angle nouveau, une deuxième déduction : 3121, ce n'était pas la litanie d'origine.
Vous admettrez qu'on peut dire n'importe quoi à la place : aussi bien un autre chiffre (une adresse antérieure) qu'un nom, voire un adjectif.
6 syllabes. Au choix.
Conclusion :
3121
Comme la chanson impossible que nous attendions depuis tant d’années : un funk bien gras, très produit, astucieux et inventif, un titre spécifiquement "Princier" tant musicalement que par ce qu'il conte. Une des raisons pour lesquelles on le suit "toujours", nous, la base. Vous aimerez ce titre très « let the head bob », qui va s’insinuer en vous comme du poison, oh pas tout de suite car certaines chansons de l’album largement plus pop et mainstream, vont vous détourner de celle-ci. Mais ne vous détrompez pas, ce titre là est fait pour durer. C’est l’invitation au voyage et vous feriez bien de prêter une oreille attentive à ce qu’on vous raconte…
3121 n’est que le prélude à bien des surprises…
Un titre que l’on attendra impatiemment en live, afin qu’il confirme tout le bien qu’on pense de lui…
Un open track judicieusement choisi, comme on fait de la stratégie. Passez au titre n°2, vous allez comprendre…
Un dernier conseil :
Si vous « rippez » votre album en mp3 et l’écoutez sur l’ordinateur, profitez-en pour actionner le cross-fade (à cet effet si vous ne connaissez pas, adoptez JetAudio, Winamp c’est complètement dépassé).
Oui, l’album aurait pu être mixé en continu ! Et ce sera ma première toute petite petite critique…
Peace & B wild - bhanlarouge